Le soutien wallon à l’implantation d’une nouvelle sucrerie à Seneffe
Question écrite à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de la Recherche, de l'Innovation, du Numérique, de l'Emploi et de la Formation
Courant juillet, l'Association des betteraviers wallons (ABW) annonçait
qu'à l'initiative de planteurs soucieux de pérenniser la rentabilité de
leur culture, un groupe de travail lançait l'étude de l'opportunité de
la construction et de l'exploitation sous le mode coopératif d'une
nouvelle sucrerie en Belgique.
La fin des quotas ainsi que les
tensions apparues lors des négociations entre planteurs et sucriers ont
convaincu les membres de l'ABW que la crise actuelle pourrait se
transformer en fenêtre d'opportunité pour les plus audacieux. Par le
biais d'une structure coopérative, les planteurs poursuivent le double
objectif d'un meilleur prix d'achat pour leurs betteraves et d'un
meilleur partage de la marge de transformation.
L'analyse de
faisabilité a été initiée au cours de l'été 2016. Les travaux sont
actuellement dans la phase qui pourrait permettre une prise de décision
avant la fin de l'année. Par ailleurs, des contacts ont été pris avec
les autorités de la commune de Seneffe, sur le territoire de laquelle un
site a été identifié, et l'intercommunale IDEA afin de préparer le
montage d'un dossier.
Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de ce projet ?
Une sollicitation de l'expertise des outils économiques wallons lui a-t-elle été adressée par les porteurs de ce projet ?
À
l'instar de son collègue en charge de l'Agriculture qui m'indiquait son
soutien au projet, confirme-t-il sa disponibilité pour rencontrer les
porteurs du projet et identifier avec eux les soutiens que la Wallonie
peut leur apporter ?
Réponse
Je suis bien au courant de l'initiative des betteraviers wallons, qui
ont été reçus, accompagnés de leur conseiller stratégique, à mon cabinet
début septembre, ainsi qu'au cabinet du Président du Gouvernement
wallon.
À cette occasion, ils ont pu faire part de leurs
inquiétudes quant aux répercussions importantes que la fin des quotas
sucriers entraînera sur leurs activités et leurs relations avec les
industriels transformateurs en aval, mais aussi de leur ambitieux projet
d'intégrer le monde industriel par la construction et l'exploitation
d'une usine à la pointe technologique, leur assurant un prix de vente
plus stable et plus intéressant pour leurs betteraves. Il faut en effet
savoir que la très récente libéralisation du marché du sucre plonge le
secteur dans une situation inédite, qui voit d'ores et déjà la
production de sucre en Europe augmenter de 20 % et le prix du sucre
devenir beaucoup plus volatil.
Dans ce contexte, les sucriers
s'apprêtent à se livrer une concurrence féroce et négocient de plus en
plus durement les prix d'approvisionnement auprès des planteurs de
betteraves. L'achat de betterave compte en effet pour environ 50 % du
prix de revient d'une tonne de sucre, ce qui en fait un poste important
d'économie.
À l'issue de cette réunion, diverses pistes de
soutien public ont été évoquées et examinées, pour couvrir le très
important besoin de financement inhérent au projet.
Ainsi, outre
l'introduction d'un dossier de primes à l'investissement, j'ai demandé à
la SRIW d'analyser les pistes d'investissement dans ce projet. Cette
dernière a reçu les porteurs du projet le 17 octobre dernier. À l'issue
de cette réunion, qui a mis en lumière le sérieux du dossier, elle nous
confirmait en entamer l'analyse approfondie, en vue d'un éventuel
financement.
En parallèle, l'ABW (l'Association des betteraviers
wallons) et leur conseiller entendent prendre contact avec la Banque
européenne d'Investissement (BEI) pour déterminer si leur projet rentre
bien dans l'une de leurs priorités d'intervention, et pourrait à ce
titre y obtenir un financement. Il convient en effet de garder à
l'esprit que l'essentiel du besoin de financement, assez conséquent,
sera couvert par les banques ou un éventuel partenaire industriel privé,
car dépassant les limites envisageables du soutien public.
Ce
projet dans son ensemble a du sens, et permettrait qui plus est de
combler un vide laissé par la fermeture graduelle de nombreuses usines
de sucre suite à l'instauration des quotas dans les années 60, vide qui
soumet actuellement les betteraviers les plus éloignés à des coûts
d'acheminement importants. Il doit toutefois être analysé à la lumière
de son impact potentiel sur les autres acteurs du secteur, et de sa
viabilité dans le cadre d'un marché du sucre totalement libéralisé.