La campagne "40 jours sans viande"
Question écrite à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région
Si en Flandre, la campagne « 40 jours sans viande »
en est à sa 6e édition, elle est lancée pour la première fois en
Wallonie cette année. L'année dernière à l'évocation de cette opération,
Monsieur le Ministre avait déjà pu faire part de son agacement face à
cette campagne de dénigrement de notre agriculture.
Si toutes les
opinions peuvent être entendues et doivent être respectées, on demeure
malgré tout abasourdi par les raccourcis énoncés par cette campagne.
Afin de draper leur action d'une argumentation scientifique, les
initiateurs font référence à des données de la FAO sur l'impact de
l'élevage sur l'environnement. Mais le type d'agriculture pris comme
référence de cette étude est au total opposé de notre modèle agricole.
L'étude de la FAO prend pour référence la production industrielle de
viande pratiquée aux États-Unis et en Amérique du Sud, bien éloignée des
pratiques culturales de notre région.
Depuis l'annonce de cette
campagne, l'ensemble des acteurs du monde agricole, dont lui-même, s'est
mobilisé afin de dénoncer les contre-vérités de cette campagne et
rappeler le travail de qualité de nos producteurs.
Notre région s'est dotée d'un centre d'information sur la viande.
Peut-il faire le bilan de son action ?
Ne
conviendrait-il pas de communiquer plus largement sur les apports
positifs de la consommation raisonnée de viande, notamment à l'attention
des publics les plus sensibles à la désinformation véhiculée par ces
campagnes, je pense, notamment aux adolescents ?
En parallèle,
une campagne d'information sur les techniques de production pratiquées
en Wallonie ne pourrait-elle organiser à l'attention du grand public ?
Ne
conviendrait-il pas de lancer une grande opération annuelle en faveur
de nos productions locales ? Plus tôt que 40 jours sans viande ne
pourrions-nous promouvoir, comme d'aucuns l'ont proposé, une action 40
jours d'achats de produits locaux ?
Réponse
Je partage évidemment les inquiétudes et les constats de l'honorable
membre. La question de la viande bovine en Wallonie a plusieurs
visages : un visage politique tout d'abord, avec une Politique agricole
commune (PAC) dont les perspectives d'évolution conditionnent la
rentabilité de nos élevages.
Depuis une vingtaine d'années, les
réformes successives affichent une tendance au découplage des aides
directes. Vu l'importance du secteur de l'élevage dans l'économie
agricole wallonne et vu l'importance des aides dans la formation du
revenu des éleveurs de ruminants, la Wallonie a toujours défendu
fermement le maintien du couplage dans la nouvelle PAC en vigueur depuis
2014. C'est ainsi que nous avons présenté un plan avec le taux de
couplage le plus élevé en Europe (21,3 % du total des aides), plan sur
lequel, après beaucoup de négociations, la Commission européenne a
marqué son accord en mars 2015. J'ai poursuivi sur cette question dans
la ligne de mon prédécesseur parce que le découplage ne tient pas compte
de la production et donc de la dimension économique réelle du secteur.
Ces
dernières semaines, le secteur de la viande a subi des agressions de
plein fouet, mais a également bénéficié d'un soutien de centaines de
personnes qui n'ont pas accepté les propos simplistes liés à la
campagne : 40 jours sans viande.
Je l'ai déjà affirmé, ces campagnes mensongères nuisent à notre secteur qui s'en passerait bien.
Une
campagne de 40 jours sans viande, c'est un dénigrement de nos
producteurs, alors même que nos éleveurs sont justement les gages d'une
production de qualité et respectueuse de l'environnement.
Le
Collège des producteurs a réagi par la sortie d'un communiqué de presse
basé sur les données validées par la Cellule d'information sur la viande
et par la production d'une courte capsule vidéo qui illustre ces
propos.
Je rappelle que les 2 cellules d'information (Lait et
Viande) lancées en avril 2016 ont pour objet la mise en place de
stratégies et d'outils de communication proactifs et réactifs sur les
sujets qui font l'objet de controverses sociétales dans ces secteurs.
Près de 80 acteurs scientifiques et représentants des filières composent
ces cellules afin de fournir des informations objectives aux
prescripteurs d'information et au grand public.
L'année 2016 a
été consacrée à la mise en place des initiatives. Dans ce cadre, 61
articles ont été rédigés avec les scientifiques associés et 2 sites
internet ont été développés. Des partenariats spécifiques ont également
été développés avec l'Agence wallonne pour la promotion d'une
agriculture de qualité (APAQ-W) et le CIV français pour coopérer à la
construction et à la diffusion d'informations. 283 personnes se sont
abonnées aux newsletters et la fréquentation des sites est en moyenne de
260 consultations/mois pour le CIV et de 198 pour le CIL.
L'APAQ-W
quant à elle a réagi en tant que service public de promotion pour
soutenir ce secteur, en collaboration notamment avec le pôle de
compétitivité WAGRALIM, mais également la Fédération Horeca, la
Fédération des boucheries, les grandes et moyennes surfaces.
En
réaction à l'action 40 jours sans viande, j'ai décidé de lancer avec
l'APAQ-W une campagne de « 40 jours, 40 menus locaux » que j'ai eu le
plaisir de présenter ce vendredi lors d'une conférence de presse.
L'important
est de sortir de cette dualité qui oppose des aliments qui sont
résolument complémentaires et de sensibiliser nos consommateurs à la
qualité de nos produits.
Début de mois de mai, une autre action
sera également mise en place par l'APAQ-W afin de replacer la viande
bovine dans nos assiettes : la Quinzaine du bœuf.